Burkina Faso

Produire suffisamment de nourriture

14.9.2022
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Un homme et une femme avec trois chèvres

En fait, ce numéro des Pro-BAAGI NEWS avait été prévu pour les pasteurs Aristarque et Jonathan. Nous avions invité les deux responsables de notre église partenaire EE/SIM à parler de leur travail et du rôle de l'église dans le contexte du terrorisme lors de la fête de SAM global à Crissier ainsi qu'à Winterthour. Nous aurions aimé rendre compte de leur visite dans ces colonnes. Malheureusement, leur demande de visa a été refusée et la visite a dû être annulée (voir dernière page).

Mais il y a aussi d'autres développements intéressants, notamment dans le domaine des projets agricoles, dont nous souhaitons renforcer la promotion au Burkina Faso. L'interview suivante de Sosthène N vous donnera plus d'informations sur un nouveau projet. Dans la deuxième partie, je vous parlerai des activités qui sont déjà en cours depuis quelques mois.

Sosthène, qui es-tu et que fais-tu ?

Je m'appelle Sosthène S.N., je suis marié et père de deux enfants. Je suis agroéconomiste et gestionnaire de projets et je travaille comme directeur général de WITY-AGRO. J'aide les organisations et les particuliers à mettre en place des projets, à planifier l'aménagement de jardins et de champs et à optimiser la production agricole de manière durable.

Tu es expert dans le domaine de l'agriculture. Qu'est-ce qui éveille en toi la passion pour ce sujet ?

Mon engagement dans ce domaine vient du fait que l'autonomie alimentaire est essentielle pour le développement d'un pays. C'est le devoir de notre génération de produire suffisamment pour nourrir les habitants du pays, tout en préservant la nature pour les générations futures.

ces gens ont dû quitter leur village, devenu trop dangereux

Tu as mené une étude sur la situation des personnes déplacées à l'intérieur du pays. Selon cette étude, quels sont leurs besoins les plus importants ?

Ces personnes ont besoin de soins médicaux, d'un logement, de vêtements, d'une éducation scolaire pour les enfants, de terres cultivables et surtout de nourriture. Elles sont capables de produire elles-mêmes les aliments dont elles ont besoin, pour autant de disposer des équipements, du terrain nécessaire et des techniques adaptées.

Le projet soumis à SAM global vise à améliorer la situation alimentaire des personnes déplacées. Quelle stratégie envisagez-vous ?

Nous prévoyons d'organiser les personnes déplacées et leurs hôtes en groupes de travail, auxquels nous enseignerons des techniques agroécologiques pour améliorer leurs rendements agricoles sur des champs de petite superficie. Dans le cadre de ce projet, il s'agira également d'améliorer le stockage des produits en restaurant les greniers à céréales et à légumes. Nous avons également l'intention de renforcer la résilience socio-économique des femmes et des jeunes (qui constituent la majorité des personnes déplacées) par le biais d'activités génératrices de revenus et de communautés internes d'épargne et de crédit.

Les personnes déplacées se trouvent dans une situation difficile

Quels sont les obstacles qui peuvent influencer la réussite du projet ?

Les crises sociopolitiques, le manque de sécurité, les conditions climatiques négatives, l'inflation des prix des matières premières et l'indisponibilité des ressources financières pour la mise en œuvre des activités pourraient affecter la réussite du projet.

SAM global travaille avec WITY-AGRO. Pouvez-vous nous présenter cette entreprise ?

WITY-AGRO est une organisation active dans le domaine de la gestion de projets et de l'agroécologie. Elle a été créée en 2021 par de jeunes Burkinabés qui s'engagent pour la préservation de l'agriculture familiale et le développement durable des villes et des campagnes. Nous déployons nos compétences au Burkina Faso et pourrions servir de relais aux organisations internationales qui souhaitent mener des activités dans la sous-région. WITY-AGRO intervient entre autres dans les domaines suivants : planification de la mise en valeur des terres, montage de projets, études de cas, formation en alternance et conseil en agroécologie. L'objectif principal est d'aider les individus et les organisations à mettre en œuvre de manière professionnelle leurs projets et programmes nationaux et internationaux de développement durable.

Le responsable d'un village ayant accueilli des personnes en fuite

Jusqu'à présent, tu t'es engagé dans des projets laïcs. Qu'est-ce que cela signifie pour toi de diriger un projet dans lequel la transmission de valeurs bibliques est un aspect important ?

Pour moi, cette tâche implique que ma foi chrétienne soit visible et tangible dans mon travail. Le caractère religieux représente également un grand défi, car les personnes dans les zones d'intervention appartiennent pour la plupart à d'autres confessions. En collaboration avec les pasteurs, nous nous pencherons sur la manière dont nous pouvons les aborder de manière positive. Ce sera pour moi l'occasion d'approfondir mes connaissances de la Bonne Nouvelle et d'établir un lien avec les techniques agricoles.

Merci beaucoup pour cet entretien, Sosthène, et que Dieu te bénisse !

CULTIVER DES ALIMENTS, GAGNER UN REVENU

Tin Naabi est le nom du département de développement de notre église partenaire EE/SIM au Burkina Faso. Pierre Mano coordonnait auparavant l'ensemble du travail médical de l'église. Depuis quelque temps, il dirige Tin Naabi, qui collabore avec différentes organisations internationales. Bien que cette collaboration soit encore très récente, nous avons déjà lancé trois projets avec Tin Naabi :

Jardins de survie

Lorsque nous avons demandé à la direction de l'église, lors de la discussion sur le budget 2022, comment SAM global pourrait soutenir l'EE/SIM dans la situation difficile actuelle, celle-ci a soumis un projet en faveur des pasteurs déplacés. Leurs églises sont dispersées et ils ne peuvent plus se réunir dans leurs locaux le dimanche. En conséquence, le soutien des pasteurs par les collectes disparaît. Comme la direction nationale vit également des dons des églises, elle ne peut pas combler ce manque. Elle a donc proposé que SAM global soutienne ceux qui disposent d'un terrain avec des possibilités d'irrigation dans leur nouveau lieu. Ce soutien prend la forme d'une clôture, d'outils de jardinage et d'une formation. Depuis le début de l'année, 16 jardins ont ainsi vu le jour. Les premiers résultats sont visibles.

Des légumes précieux, cultivés et entretenus avec soin

Projet vaches

En collaboration avec le centre évangélique pour le travail transculturel CEFM, nous avons lancé il y a longtemps un projet visant à permettre aux familles du ministère transculturel d'exercer une petite activité génératrice de revenus. Les montants demandés jusqu'à présent ont été utilisés exclusivement pour l'élevage, en particulier celui de vaches. Ainsi, dans le dernier catalogue cadeaux, nous avons collecté des fonds pour soutenir l'achat de bovins. Le résultat a été si satisfaisant que nous avons pu offrir un crédit à 15 familles de pasteurs déplacées, en plus de celles qui ont quitté le CEFM. Selon le lieu d'engagement, celles-ci ont acheté des vaches comme prévu, d'autres ont préféré investir dans des chèvres, des moutons ou des poules. Les crédits, d'un montant d'environ 600 à 1 200 francs, devraient être remboursés pour moitié au cours des quatre à cinq prochaines années. Tin Naabi, qui gère ces crédits, a ensuite pour mission de mettre à son tour ces fonds à la disposition d'autres familles.

Gagner un revenu en labourant les champs

Des jardins au CEFM

Un troisième projet nous a été soumis tout au début de la saison des pluies 2022 (mai). Lorsque les familles d'étudiants se sont rendues sur les 17 hectares de terrain du CEFM après les premières pluies pour répartir et préparer les champs, des soldats se sont soudain présentés devant elles. Ceux-ci leur ont expliqué pourquoi les toits de paille des huttes sur le terrain avaient brûlé et pourquoi les champs ne pouvaient pas être cultivés cette année. Apparemment, les champs se trouvent sur une route utilisée par les groupes rebelles, sur laquelle des affrontements avec l'armée ont lieu régulièrement. Les cabanes auraient été incendiées par un tir de roquette depuis un hélicoptère lors d'un combat. Certains étudiants ont pu se rendre dans leurs villages d'origine où ils cultivent leurs champs. Cinq familles, cependant, viennent de régions où les chrétiens ne sont plus les bienvenus. Elles doivent donc passer la saison des pluies au centre. En collaboration avec la direction, il a été décidé d'aménager des jardins sur le grand terrain de l'école, entouré de murs. Ceux-ci peuvent être cultivés toute l'année grâce au château d'eau avec pompe solaire construit l'année dernière. Les jardins ne doivent pas seulement servir à l'autosuffisance, mais aussi, dans l'idéal, à produire quelques légumes pour la vente. Actuellement, les cinq familles s'affairent à cultiver des plants, à fabriquer du compost et à travailler leurs jardins. Elles sont accompagnées par un expert employé par Tin Naabi. Nous espérons que cette expérience permettra aux familles de mettre leurs connaissances au service des autres, de nouer plus facilement des contacts et de transmettre la force créatrice et l'amour de Dieu.

Le travail assidu au jardin porte ses fruits

GRANDE DÉCEPTION

Vous vous êtes certainement réjouis comme moi de la visite des deux pasteurs Aristarque L. et Jonathan O.. Pour cette visite, ils auraient dû avoir un visa Schengen. Ils en ont fait la demande auprès de l'ambassade de Belgique. Pour cela, on trouve sur internet une liste précise des documents nécessaires et nous avons essayé de fournir à l'avance tous les papiers requis par l'organisation qui les invite : billets d'avion, invitations, assurances, programme de voyage, etc. La demande a finalement été traitée en Belgique et a malheureusement été rejetée parce que nous n'avions pas prouvé que SAM global disposait de suffisamment de finances pour pouvoir accueillir les deux pasteurs. Malheureusement, cela n'avait pas été expressément demandé. Toutes nos recherches, ainsi que quelques contacts, n'ont malheureusement rien donné. La seule option aurait été d'introduire à nouveau les documents, mais cela aurait pris deux mois et il ne nous restait que dix jours. C'est donc le cœur lourd que la visite a dû être annulée. Les deux fêtes de SAM global à Crissier et à Winterthour ont tout de même pu avoir lieu et ont été très belles et enrichissantes, même sans les deux invités. Les soirées missionnaires organisées spécialement à la Pfimi de Thoune et à la Chrischona de Samstagern ont été annulées. Les cultes qu'ils auraient contribué à animer ont dû se dérouler d'une autre manière. Il est certain que le travail au Burkina Faso sera tout de même thématisé.

Mon souhait est que l'idée de faire des collectes pour une voiture pour l'église  pendant leur visite soit quand même suivie. La direction de l'église a un besoin urgent d'une voiture tout-terrain. Les personnes qui souhaitent y participer peuvent le faire dès maintenant ou attendre le prochain catalogue cadeaux, dans lequel nous donnerons à nouveau l'occasion de le faire. Nous vous remercions de tout cœur pour votre soutien !

Andreas Zurbrügg, responsable de pays pour le Sahel

SAM global
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