Cameroun

Sécher les larmes des femmes

20.4.2023
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10
Min.
Un groupe de femmes camerounaises et suisses

Dans le nord du Cameroun, de nombreuses femmes ont vu leur mari mourir de manière brutale aux mains de la milice terroriste Boko Haram. Certaines de ces veuves sont traumatisées car, outre leur époux, elles ont souvent perdu leurs enfants, leur maison et leur ferme. C’est là qu’intervient le projet Femmes d’espoir.

L’association suisse Rings of Hope a déjà mis en place un travail au Nigeria, dans lequel les femmes concernées sont réunies en groupes de douze. Ensemble, les veuves parlent de leurs craintes et de leurs difficultés, lisent la Parole de Dieu, prient ensemble et s’encouragent mutuellement. Dans un deuxième temps, leurs efforts d’épargne sont complétés par des microcrédits. Cela leur permet d’améliorer leurs revenus, de subvenir aux besoins de leurs familles et d’envoyer leurs enfants à l’école. Elles peuvent ainsi vivre plus dignement et de ne pas sombrer dans la pauvreté. Rings of Hope nous a contactés pour lancer ce travail au Cameroun. Julia raconte :

Lancement du projet "Femmes d'espoir"

En janvier, une équipe de trois personnes a pu se rendre au Cameroun afin de lancer un nouveau mouvement de veuves en collaboration avec SAM global. Le nord du Cameroun n’est qu’à quelques kilomètres à vol d’oiseau de la région du Nigeria où il existe déjà de très nombreux groupes Femmes d’espoir. Mais au Nigeria, les différents éléments du programme ont été mis en place sur plusieurs années. En revanche, ce que nous avons entrepris au Cameroun en quelques jours seulement a été une première : la formation complète d’un nouveau groupe de veuves, et qui plus est en français avec traduction en fulfulde !

Partager la douleur

Nous avons d’abord passé plusieurs jours avec quatre veuves d’ethnies différentes, qui comprenaient toutes le français. L’une d’elles vient d’un village situé dans une région frontalière avec le Nigeria. La plupart des habitants ont fui et la population restante passe les nuits à l’extérieur des villages, car ceux-ci sont régulièrement attaqués. La douleur de ces veuves est très complexe. Elles souffrent lorsque les femmes mariées les évitent au village et à l’église parce qu’elles craignent pour leur mariage. Il y a aussi des questions angoissantes : « Suis-je coupable, ou peut-être mon mari, que Dieu ait permis une telle chose, suis-je même maudite ? » Ainsi, durant ces jours, beaucoup de larmes ont coulé et nous ont rapprochées. Chaque jour, nous passions plusieurs heures à méditer la Bible, à échanger et à prier. Nous avons tourné notre regard vers Jésus, qui nous a précédés et a vaincu la mort. Il a traversé ces ténèbres avec nous. Nous n’aurions pas pu regarder cette réalité en face autrement. La consolation, le soulagement et l’apaisement se sont répandus parmi nous.

Transmettre réconfort et espoir

Lors de la deuxième phase, les quatre Camerounaises, nouvelles coordinatrices, se sont présentées devant le premier groupe de douze veuves et ont déclaré : « Vous (en parlant de nous, les femmes de Rings of Hope) êtes venues essuyer nos larmes et nous montrer que Dieu ne nous a pas oubliées. » Elles débordaient de ce qu’elles avaient vécu et appris. Nous nous sommes tenues en retrait et les avons autant que possible laissées diriger cette rencontre. Nous aussi, nous sommes rentrées changées de ce voyage et nous sommes encore en train d’assimiler les impressions et ce que cela signifie pour Rings of Hope.
Katharina, Elena et Julia

Préparatifs sur place

Il y a eu beaucoup à organiser en amont de l’intervention de Rings of Hope : logement, nourriture, informations, etc. Mon plus grand souci était de savoir si les quatre coordinatrices en formation allaient venir, car je n’ai pu en contacter que deux directement ou par l’intermédiaire de leur pasteur. Mais en fin de soirée, elles étaient toutes là. Le mercredi, le premier groupe de douze « Femmes d’espoir » est arrivé.
J’ai trouvé le temps bien court pour « réchauffer » l’atmosphère entre nous. Certaines espéraient recevoir de l’argent. Entendre ce que les veuves ont vécu m’a marquée. La manière dont elles se sont accrochées à Dieu comme leur seul espoir, parce qu’il n’y avait pas d’autre issue à leur situation, m’a beaucoup impressionnée. On pouvait voir sur leurs visages que quelque chose avait changé positivement en elles en si peu de temps. Elles ont beaucoup remercié d’avoir pu venir.

Dans de nombreux endroits, il n’y a pas assez de femmes du même groupe linguistique pour former un groupe de douze. D’autres veuves sont alors intégrées. C’est aussi une préoccupation de l’Église. Le secrétaire général de l’UEEC nous a accompagnées pour informer les responsables des églises catholiques, baptistes et adventistes. Les femmes sont intégrées aux groupes de veuves indépendamment de leur dénomination. Il est prévu de former douze groupes de douze dans différents villages d’ici la fin de l’année. Fin mars, le cinquième s’est déjà constitué.
Helen

UN BOOM À L'ISTEM

En raison de la croissance exponentielle de l’UEEC au cours des dix dernières années d’une part, et de la demande croissante de formation théologique approfondie d’autre part, la formation de niveau bachelor a été intégrée en 2018 au programme de l’Institut Biblique Évangélique de Maroua (IBEM), qui a changé de nom pour devenir l’Institut Supérieur de Théologie Évangélique de Maroua (ISTEM).
Aujourd’hui, 59 couples se trouvent à différents niveaux de formation, un nombre jamais atteint auparavant. Au niveau du bachelor, 18 étudiants de la première promotion ont pu être mis à disposition de l’Église après trois ans de formation (2018-2021). Ils servent dans des paroisses ou dans d’autres structures comme le Col.Pro.Ma. Dans un an et demi, 23 autres les rejoindront, en plus des 53 du niveau IB (institut biblique).

Des circonstances difficiles

Les nombreux étudiants sont formés dans un contexte d’insécurité, de coût de la vie élevé et de manque de ressources financières et matérielles suffisantes. À cela s’ajoute le fait que certaines églises situées dans des zones touchées par les attaques de Boko Haram (Tourou, Ldamang, Kolofata, etc.) ne peuvent plus soutenir correctement leurs étudiants. De plus, nous sommes victimes de voleurs qui escaladent nos murs délabrés. Plusieurs collaborateurs et étudiants ont déjà été volés. Nous sommes très reconnaissants à SAM global de nous aider à sécuriser les murs et à rénover les logements vétustes.

Générer un revenu

Depuis sa création, notre centre de formation dépend en grande partie du soutien extérieur Pour y remédier, nous réfléchissons à un projet de « moulins ». Notre région connaît une forte croissance démographique, car beaucoup de gens viennent s’y installer. Il n’y a pas assez de machines pour moudre le maïs et le mil, nos aliments de base et les délais d’attente sont souvent longs. Si nous avions nos propres moulins sur notre terrain, nous pourrions nous épargner beaucoup de temps et de frustration et, en outre, générer un petit revenu pour améliorer notre situation financière.
Un grand merci pour votre soutien.
FidèleY., directeur de l'ISTEM

BRÈVES NOUVELLES

Transmission de la Bonne Nouvelle

Transmission de la Bonne Nouvelle
Après Noël, une opération d’envergure a été menée dans les régions où se sont installées des personnes venant des régions frontalières menacées. Dix-sept lieux de culte ont été créés, où des églises devraient se développer. Ce sera plus que ce qui a été détruit dans le pays d’origine ! Trois églises s’occupent de ces lieux et deux pasteurs seront transférés dans la région cet été.
Malheureusement, les attaques et les enlèvements avec de grosses demandes de rançon se poursuivent dans les régions frontalières avec le Nigeria, le Tchad et la Centrafrique. C’est ainsi que le centre de santé de Tourou a de nouveau été saccagé. La population a en grande partie quitté les lieux.

Victimes des inondations

Grâce aux dons de SAM global et de différentes organisations, des centaines de familles ont pu être soutenues. Pour les personnes touchées, voir qu’elles ne sont pas oubliées a été un grand encouragement !

Inauguration au Collège Protestant de Maroua (Col.Pro.Ma.)

Le nouveau bâtiment a été officiellement inauguré le 1er décembre lors d’une belle cérémonie. Dans ce bâtiment de deux étages qui abrite huit salles de classe, les derniers travaux intérieurs devraient être achevés pendant les vacances d’été.
Helen

CONSTRUCTION D'UNE ÉGLISE À DOUALA - ÇA CONTINUE !

Lorsque la famille Ringger a dû quitter le Cameroun pour rentrer en Suisse en 2016, elle a laissé un chantier à l’église de Douala, dans le quartier de Ndogpassi. Les locaux du sous-sol ainsi que les toilettes étaient terminés et étaient depuis lors très utilisés par environ 200 personnes. Le 21 janvier 2023, le moment est arrivé : Aldo R. et Andreas Z. se sont rendus à Douala pour lancer la prochaine étape, la construction de la grande salle avec une galerie. Les fonds récoltés ces dernières années auprès de SAM global et de l’église sur place devraient suffire pour achever le gros œuvre, y compris le toit.  Après une première rencontre avec des représentants de l’église et du comité de construction, Aldo s’est lancé dans le travail avec beaucoup d’énergie. Grâce aux contacts qu’il avait noués lors de sa première mission, il a pu rassembler en un rien de temps une équipe de construction dynamique. En collaboration avec les responsables locaux, ils ont acheminé des tonnes de matériaux sur le chantier. Rapidement, l’ouvrage a pris forme.  Seulement trois semaines plus tard, Aldo a remis aux responsables locaux des plans de construction précis, des listes de matériaux, des calendriers et un budget détaillé. Les travaux avancent et nous espérons que cette construction tant attendue sera couverte et achevée pour la saison des pluies. Nous profitons de l’occasion pour remercier tous ceux et toutes celles qui ont rendu ce projet possible par leurs prières et leurs finances. Un merci particulier à Aldo, qui n’a pas ménagé ses efforts pour relancer le chantier après sept ans.

Un grand merci pour votre intérêt et votre soutien !
Andreas Zurbrügg, responsable pour les pays du Sahel

RÉSERVEZ LA DATE

SAM global et SAHEL LIFE ont invité Moussa H. S., directeur de l’Œuvre Médicale et Fidèle Y., directeur de l’institut théologique de Maroua, en Europe. Nous organisons donc la deuxième rencontre du fan-club Cameroun
le samedi 28 octobre 2023.
Notez cette date dans vos agendas.

SAM global
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