Le Népal et ses habitants sont au cœur de nombreux défis. De grandes parties du pays sont difficiles d'accès en raison des hautes montagnes ou de la jungle et des glissements de terrain ou des tremblements de terre se produisent régulièrement.

Sur le plan politique, le pays est actuellement plus calme après avoir traversé des périodes de turbulences. Mais ce que l'on remarque rapidement, c'est l'énorme exode de personnes, jeunes pour la plupart. Chaque jour, jusqu'à 3 000 personnes quittent le pays à la recherche d'espoir, d'une vie meilleure et d'un avenir pour elles-mêmes et leur famille. Chaque famille, aussi isolée soit-elle, a des membres de sa famille à l'étranger et beaucoup dépendent de leurs transferts d'argent : pour les enfants qui vont à l'école, pour la grand-mère qui a besoin de ses médicaments ou tout simplement pour la survie quotidienne. Certains Népalais peuvent s'établir à l'étranger, d'autres restent une main-d'œuvre bon marché et beaucoup sont exploités. Parallèlement, cette main-d'œuvre fait défaut pour une croissance saine de l'économie népalaise (fuite des cerveaux). De plus, cet exode légal et illégal entraîne beaucoup de misère et de souffrance : des enfants grandissent sans leurs parents, des couples vivent séparés ou des personnes deviennent des esclaves modernes quelque part à l'étranger. Ils triment par exemple sous la chaleur sur des chantiers dans la péninsule arabique ou restent coincés dans le commerce sexuel, avec des séquelles à vie sur l'âme et le corps. Mais la quête et l'espoir d'une vie meilleure agissent comme un aimant.

Offrir une véritable alternative
Ainsi, au sein de ProEDUCATION Skills Training, nous avons tiré des conclusions et planifié une démarche avec nos organisations partenaires locales (ONG des églises locales). Nous l'appelons "Fit 2 Work" et offrons une perspective aux personnes en leur permettant de suivre une formation de base reconnue par l'État. La formation commerciale qui s'ensuit en fait partie intégrante, car une compétence, donc une formation aux compétences, ne suffit pas. Il faut aujourd'hui pouvoir les transformer pour en tirer un salaire, que ce soit en tant qu'employé ou en tant qu'indépendant. Cette année, nous avons mené un projet pilote de huit mois dans le cadre duquel 40 hommes et femmes de l'arrière-pays reculé ont eu la chance de suivre une formation de base dans les domaines de la restauration ou de l'électricité. Lors de mon voyage en novembre, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec les participants et d'évaluer le projet. Les retours sont très encourageants, comme le montrent les trois exemples suivants.

Saisir sa chance
Nanumae a 22 ans et vient d'une tribu dont les membres vivaient autrefois en nomades dans la forêt (voir les Népal NEWS d'octobre 2023). Depuis quelques années, la tribu s'est sédentarisée. Pour les plus âgés, ce nouveau monde est un défi, mais pour les plus jeunes, il s'agit d'une réalité incontournable avec laquelle ils doivent composer. Nanumae fait partie de ceux qui ont saisi leur chance. Après un apprentissage dans l'hôtellerie et avec un diplôme reconnu en poche, elle a trouvé un emploi dans une maison d'hôtes. Elle fait la cuisine, le ménage et s'occupe des clients. En contrepartie, elle reçoit un salaire et une reconnaissance et contribue à soutenir sa famille. Sa situation n'est pas encore tout à fait optimale, mais elle a désormais de l'espoir et des perspectives. Après une période comme employée et l'acquisition d'expérience professionnelle, elle souhaite se mettre à son compte.

Fini les pelles et le transport de charges lourdes
Prasanna, le fils du pasteur de l'église forestière, a 21 ans. Peu formé, appartenant à une caste inférieure, il était habitué à travailler comme journalier sur les chantiers et dans la construction des routes, à creuser à la main et à effectuer des travaux pénibles. Le revenu n'était jamais certain. S'il y avait du travail, il y avait un peu de revenu, s'il n'y avait pas de travail, il n'y avait pas d'argent non plus. Aujourd'hui, après un apprentissage d'électricien et un diplôme de niveau 1, il travaille dans le bâtiment comme électricien et a un revenu fixe. Son objectif est de passer un diplôme d'électricien de niveau 2 après une année d'expérience professionnelle, afin de progresser dans sa carrière.

Enfin reconnu !
Babu a déjà environ quarante ans. Pendant de nombreuses années, il a réussi à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille en travaillant comme électricien dans son village. Il n'avait toutefois aucun diplôme et il lui était donc difficile de gagner la confiance des clients. Lorsque notre organisation partenaire l'a contacté pour la formation, il a tout de suite accepté. De lui-même, il n'aurait pas réussi à suivre une telle formation, il n'en avait pas les moyens financiers. Après avoir obtenu son diplôme, il a pu enregistrer et développer sa propre entreprise. En plus de travailler à l'extérieur, il a maintenant un magasin d'électricité à son domicile et propose des réparations d'objets du quotidien (ventilateurs, lampes, appareils, etc.). Son souhait est d'agrandir son entreprise de manière à pouvoir employer des collaborateurs.
Grâce aux projets de ProEDUCATION, des personnes entrent en contact avec des chrétiens et nous souhaitons qu'elles puissent ainsi faire l'expérience de l'amour de Dieu. Nous gardons les yeux ouverts pour voir où Dieu ouvre encore plus de portes et espérons pouvoir bientôt envoyer des collaborateurs et collaboratrices depuis l'Europe. Un grand merci pour votre intérêt et votre soutien.
David Keller, responsable pays Asie