L'école ActionVIVRE vient de passer ses premiers mois sans expatriés à portée physique. Les échanges via ordinateur/smartphone ont bien fonctionné pendant cette période. Ils ont été plus intenses que je ne l'avais imaginé au préalable.
Je me réjouissais donc de me rendre chez AV Nord en octobre. L'objectif de mon voyage était d'une part d'être présent à la rentrée scolaire afin de montrer aux enseignants et à la population que l'école SAM global nous tenir à cœur. D'autre part, je souhaitais rencontrer autant de partenaires que possible sur place : le lieu de formation des enseignants et les responsables de l'association scolaire chrétienne à Conakry. Je souhaitais également visiter les écoles du Fouta, avec lesquelles AV Nord entretient des relations amicales, s'est engagée financièrement dans le passé et continuera de le faire. La dernière étape du voyage était AV Sud, où j'ai pu voir brièvement l'école qu'Amélie, Sandro et Nathalie sont en train de reconstruire.
J'étais accompagné d'un groupe de quatre personnes, dont mon fils Ruven. Pour lui, ce fut un beau voyage dans le passé, car il a grandi ici. Pour moi, beaucoup de choses en Guinée sont normales ou je m'y suis habitué (même s'il y a bien sûr des choses auxquelles je ne m'habituerai jamais). Un professeur de lycée faisait partie du groupe. Je trouve passionnant d'entendre ce qui l'a frappé :
Tu as assisté à la rentrée scolaire. Qu'est-ce qui t'a particulièrement marqué ?
La façon dont les élèves crient les réponses ensemble en classe. Et la façon dont les enseignants parviennent à commencer leurs phrases de manière à ce que la classe puisse les terminer en chœur.

Les conditions d'enseignement à l'école d'AV Nord sont très différentes de celles en Suisse. Qu'est-ce qui t'a impressionné ou surpris ?
J'ai été impressionné par l'ordre qui règne dans les classes et par le fait que, malgré la grande pauvreté du pays, l'école puisse avoir lieu dans des bâtiments équipés de tables et de tableaux. Et l'ambiance dans les classes était positive. J'ai été surpris que les enfants crient « Je me lève » lorsqu'ils se lèvent. Je m'attendais également à des classes très nombreuses, avec environ 70 élèves, mais ce n'est pas le cas ici. J'ai également découvert que les parents doivent payer des frais de scolarité et que même les fonctionnaires préfèrent apparemment envoyer leurs enfants dans des écoles privées.

Y avait-il aussi des choses que tu ne comprenais pas ?
Oui, cet exercice légèrement militaire (ou devrais-je dire disciplinaire) au lever et au coucher, ou encore lors du salut matinal.
Tu as participé à la formation continue des enseignants. Comment as-tu vécu cette expérience ?
J'ai trouvé cool que tu aies d'abord présenté la vision de l'école. Et j'ai trouvé passionnantes les conclusions sur le « Growth Mindset ». Il s'agit de l'attitude qui consiste à apprendre tout au long de la vie, à développer ses compétences et à considérer les erreurs comme des occasions de faire mieux la prochaine fois. J'ai été surpris de voir que les enseignants avaient un peu de mal à plier des avions en papier (c'est-à-dire manuellement) et qu'à la fin, une discussion très longue s'est soudainement engagée sur des sujets qui n'étaient pas du tout prévus dans la formation continue.

De quoi les écoles guinéennes ont-elles le plus besoin ?
Matériel d'écriture, car tous les enfants ne disposent pas d'une ardoise, par exemple.
Raconte-nous ta rencontre la plus marquante :
C'était sans aucun doute celle avec les familles d'expatriés, et surtout avec leurs enfants. Les voir vivre m'a beaucoup rappelé ma propre enfance au Cameroun et en Tanzanie.
Bonne ambiance, mais défis importants
Je repense avec gratitude à ces deux semaines passées en Guinée. Toutes les réunions prévues ont pu avoir lieu, sauf une. L'ambiance était bonne tout au long du séjour, nous avons partagé nos joies et nos peines. Toutes les écoles sont confrontées à des défis similaires : des enseignants parfois débordés, des salaires bas qui ne permettent guère de se faire soigner à l'hôpital, des manuels scolaires que l'État devrait fournir mais qui ne sont disponibles que sur le marché noir, ou encore des parents qui ne peuvent ou ne veulent pas payer les frais de scolarité. Ce ne sont là que quelques exemples.

Des enseignants engagés
À l'école ActionVIVRE, tous les postes ont pu être pourvus. Au niveau secondaire, nous avons pu embaucher davantage d'enseignants permanents que les années précédentes, ce qui nous permet d'espérer une plus grande continuité. Le directeur m'a demandé de partager la vision de l'école avec les enseignants. Je l'ai fait avec plaisir, et les enseignants ont adhéré pleinement à cette vision.
J'ai apprécié les rebondissements surprenants et les situations amusantes, comme les éclats de rire chaleureux provoqués par les trajectoires étranges des avions en papier.

Informations succinctes
La construction d'une deuxième école primaire dans le quartier derrière la colline est en cours de planification. Nous espérons trouver des ouvriers fiables et compétents.
Felix, le comptable de l'école AV, souhaite rester à AV Nord. SAM global à acheter un terrain et à financer la construction de la maison grâce à un crédit (sans intérêts).
Le bilan de Daniela sur ses plus de 20 ans passés en Guinée sera le thème principal du prochain numéro d'AV Nord NEWS.
Merci beaucoup pour votre intérêt et votre soutien.
Matthias Rychen




